Entretien avec Luc Julia : 10 questions sur le Manager Hybride
Est-ce que vous savez qui est le « papa » de Siri ?
C’est Luc Julia, et j’ai eu le plaisir de l’interviewer dans le cadre de ma thèse « L’IA peut-elle être un atout pour le manager hybride ? ». Je vous laisse découvrir son point de vue. Vous verrez, Luc Julia est bourré d’humour, de simplicité et de bon sens.
Dans la deuxième partie, on continue avec l’analyse des meilleurs experts de l’Intelligence Artificielle en France. Chaud devant !
Dr Luc Julia
« L’IA, c’est des options »
Luc Julia, En quoi l’IA peut-elle être un atout pour le manager ?
Pour commencer, une définition de l’intelligence artificielle par M. Luc Julia : « L’IA, c’est un machin qui permet de créer de l’assistanat ! Donc l’objectif de mon assistant est de vous montrer des possibilités d’aide à la décision. Le manager est un leader, et c’est intéressant de lui proposer des options. L’IA, c’est des options. Si on utilise l’IA correctement, on fera en sorte qu’elle nous propose deux ou trois choix. Autre solution : faire un mix des solutions en faisant jouer notre créativité. »
Pouvez-vous me citer quelques outils d’IA qui pourraient, selon vous, être une aide pour le manager ?
« Tout d’abord, il y a les IA qui vont permettre de faire remonter des informations pertinentes pour la recherche de tous les documents en fonction de l’activité. Pour les équipes, c’est la recherche des collaborateurs et des outils RH pour la formation et l’embauche. Il y a aussi les outils agiles pour régler la productivité de son équipe et, pourquoi pas, l’ambiance dans la recherche de l’épanouissement des collaborateurs.
L’utilisation inopportune est également importante. Pourquoi ? Parce que l’utilisation inopportune permet d’innover. »
Comment évaluez-vous l’impact de l’IA dans le monde du travail ?
« Nous aurons de plus en plus de maintenance productive avec un but : augmenter la productivité. Pour ne citer que Samsung ou Renault, l’IA est très utilisée dans l’industrie. On pense également au bien-être des salariés en anticipant les pannes. On trouve beaucoup d’IA également pour la médecine dans l’imagerie médicale pour trier les images. C’est encore le balbutiement, notamment pour l’ADN. »
Quels seront, selon vous, les grands chantiers d’IA pour l’entreprise ?
« L’ADN sera la prochaine évolution pour la médecine. On pense également à l’industrie et la chaîne d’approvisionnement, quelle que soit la taille de l’entreprise. Ce qui va engendrer moins de gaspillage. L’IA va engendrer des suppressions d’emplois mais elle va également permettre d’en créer beaucoup. Encore une fois, l’IA va nous permettre d’anticiper ces changements. »
Comment voyez-vous le monde du travail dans les prochaines années ?
La valorisation du travail par les robots pourra être intéressante.
Un exemple : Les guichetiers des banques. Après de grosses inquiétudes des syndicats qui prévoyaient une baisse de 25% des effectifs, l’histoire a montré que les caissiers ne distribuaient certes plus d’argent, mais les métiers ont évolué en diversifiant leurs offres, notamment l’assurance, l’alarme etc. Les banques ont même augmenté les effectifs de 3%.
Ils sont maintenant des conseillers, ce qui a permis d’améliorer la qualité du travail. »
Quel est le pays dans le monde qui a le plus avancé sur l’IA dans l’entreprise ?
« Difficile de répondre à cette question, car cela dépend du domaine d’activité, la progression dans l’industrie a été la plus forte en Allemagne et au Japon.
Cela provient du fait de la robotisation très forte menée par ces pays depuis de nombreuses années et donc de l’accès à de la donnée permettant de faire avancer les systèmes d’IA et surtout permettre d’automatiser.
Dans le domaine des services, les Etats-unis sont le pays qui a le plus avancé.
Dans l’agriculture, beaucoup d’IA intéressante aux Etats-Unis, notamment dans le domaine viticole. »
Quelle serait, selon vous, la plus belle avancée dans l’IA ?
« Ce serait la médecine, notamment l’imagerie médicale. »
Est-ce que le métavers pourrait changer la donne ?
« Le métavers existe déjà depuis longtemps. Cela va être rigolo et intéressant d’un point de vue IA. Il faudra beaucoup d’IA. »
Que ne devrait pas faire l’IA ?
« Ce que l’on ne doit pas faire, c’est tout ce que l’on n’a pas compris.
Les données sont historiques et on ne doit pas utiliser des données trop anciennes car notre monde évolue. Prenons le cas des biais par rapport à l’obtention des crédits. Si l’on prend des données trop anciennes, on pourrait se retrouver avec des choix discriminants, notamment pour les femmes. Les datas sont biaisées par l’histoire. Et également dans l’armée, qui pourrait avoir un usage apocalyptique de l’IA. »
Avez-vous rencontré des freins à l’utilisation de l’IA ? Si oui, lesquels et comment les avez-vous levés ?
« Les freins sont les collaborateurs qui ont peur d’être remplacés. L’accompagnement permet de régler ce point en formant les salariés. »
Envie d’en savoir plus Lu Julia, sur celui que l’on surnomme « Le pape de l’IA »?
Alors je vous conseille de lire ses deux excellents livres :
En somme, en quoi l’IA peut-elle être un atout pour le manager ?
Le monde du travail va être beaucoup plus nomade, indépendamment du rôle de l’intelligence artificielle. Donc télétravail, flexibilité du contrat de travail, phase d’indépendance et de freelance qui sont plus présentes, plus longues, plus récurrentes et énormément de passage à la formation et à la certification. Donc, une logique de progression continue dans une carrière qui sera pilotée désormais par le collaborateur.
L’IA apporte, et apportera de la valeur au même titre que les autres apports technologiques. Même si pour l’instant, l’utilisation de l’IA est faible pour le manager dans les entreprises, cette technologie est amenée à se développer dans les prochaines années. Nous n’aurons pas de grande révolution dans le monde du travail mais une amélioration du quotidien des managers. À ce titre, Dialoog et 365 talents sont des outils particulièrement intéressants, dont nous reparlerons par ailleurs.
Les grands chantiers d’IA pour l’entreprise
Ils seront sans aucun doute les schémas directeurs IA des fonctions supports, qui viendront renforcer la capacité de l’entreprise à augmenter sa performance sur des fonctions essentielles longtemps délaissées par la digitalisation. Il y aura des liens forts entre l’IA et le métavers car ce dernier génère beaucoup de données.
Il est probable que ces grands chantiers se heurteront à des freins de méconnaissance, à des personnes qui n’ont pas envie de faire de l’intelligence artificielle parce qu’ils ne savent pas ce que c’est. Et la réponse reposera essentiellement sur l’information, donc la formation de tous les collaborateurs de l’entreprise, même s’ils ont des liens relativement distants avec l’intelligence artificielle, et ce, jusqu’au niveau de direction le plus élevé. C’est le bon moyen pour faire en sorte que tout le monde soit mobilisé sur les sujets d’intelligence artificielle.
Toutes ces évolutions renvoient à des questions d’ordre éthique : il y a des choses qui sont clairement à proscrire, comme la reconnaissance et l’identification à distance, la manipulation des foules ou les déstabilisations médiatiques. La liste est très longue…
Pour en revenir plus précisément au sujet qui nous occupe, les problématiques soulevées pendant les interviews que j’ai réalisées amènent au constat suivant :
Avant de choisir une solution d’IA pour le management, l’entreprise doit s’assurer que celle-ci correspond à un schéma directeur défini en six points:
- Objectifs stratégiques
- Diagnostic de l’existant
- Cartographie des besoins
- Analyse des solutions et des impacts sociaux
- Orientations stratégiques
- Plan d’action
Et enfin, il sera opportun de garder en tête quelques évidences… puisque le moyen n’est rien sans la fin :
- Ne pas se concentrer sur l’IA mais sur la résolution d’un problème d’entreprise.
- Ne mettre en avant une technologie que si elle est meilleure (plus rapide, moins chère, plus précise…)
- Montrer des fonctionnalités ne prouvera pas le retour sur investissement, il est préférable de montrer des cas d’usage et comment la solution apporte de la valeur.
- Enfin, s’assurer de pouvoir répondre à l’ensemble des questions ci-dessous (Méthode utilisée, biais, précision…)
Consultant/Chef de projet IA
Pendant 25 ans, j’ai eu une vie professionnelle passionnante dans les médias, où j’ai occupé la fonction de directeur technique adjoint.
J’ai pu mener à bien des projets importants (Industriels, marketing digital, RH, management).
Aujourd’hui, je complète mes compétences en Intelligence artificielle en suivant le MBA Intelligence Artificielle (Institut Léonard de Vinci).
Je rédige ma thèse sur le thème : « L’IA peut-elle être un atout pour le manager ? ». Avec un objectif, vous montrer les intérêts de cette technologie pour les vrais humains que nous sommes, sans jargon et sans bullshit !
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